Allons nous rester sans rien faire ?

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Le 5 septembre 2015 par Jean-François Dortier

10136372-aylan-kurdi-mort-en-turquie-le-recit-bouleversant-du-drameComme tout le monde j’ai été bouleversé cette semaine par la photo d’Aylan, ce petit bonhomme de trois ans, échoué sur la plage en Turquie. Quelques jours avant j’avais été choqué par l’histoire horrible de ces 71 migrants retrouvé morts dans un camion en Autriche.  Comme tout le monde, je suis choqué, remué, scandalisé. Je me sens aussi honteux, coupable. Et comme presque tout le monde, je ne fais rien. Tout simplement parce que je ne sais pas quoi faire.

Et il n’est pas si simple de trouver quoi faire. Lors du Tsunami de 2004, les médias continuer la lecture


Ça cache quelque chose…

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Le 17 juin 2015 par Jean-François Dortier

« Quand il n’y a rien, il n’y a rien. C’est net. Mais quand il y a quelque chose, ce quelque chose cache souvent autre chose… » (Michel Audiard, le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques)

 


Retour sur l’affaire Outreau

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Le 27 mai 2015 par Jean-François Dortier

Myriam Badaoui en 2004. Ses mensonges avaient conduit à l'arrestation et l'emprisonnement de 17 personnes, pour la plupart innocentés lors des procès suivants.

Myriam Badaoui en 2004. Ses mensonges avaient conduit à l’arrestation et l’emprisonnement de 17 personnes, pour la plupart innocentés lors des procès suivants.

Pour ceux qui veulent comprendre le nouveau procès en cours lié à « l’affaire Outreau », je remets en ligne ce billet qui fait entrer dans les arcanes d’une affaire qui doit rester dans les mémoires. Car l’affaire Outreau est le symbole même de l’erreur judiciaire avec ses faux aveux, son instruction menée à charge, la précarité des témoignages d’enfants, les failles de l’expertise. Un modèle du genre pour réfléchir sur la mécaniques parfois implacable de d’erreur judiciaire. Fash back…

 

L’affaire Outreau » est reste gravée dans les mémoires. En 2001, à Outreau, petite ville du pas de Calais, un vaste réseau de pédophile est démantelé suite à l’arrestation d’un couple accusé de viols sur ses propres enfants. Ce réseau implique, selon les premiers articles de presse, des « notables » de la ville qui ont abusé sexuellement de plusieurs enfants vivant dans la même tour.  Les suspects sont mis en garde à vue et jeté en prison. L’affaire fait grand bruit.

Quatre ans plus tard, lors d’un second procès en appel, l’accusation s’effondre. On découvre que l’accusation reposait sur des faux aveux, des accusations mensongères, des témoignages de victimes douteux. 13 des 17 accusés seront innocentés. Certains ont déjà fait plusieurs années de prison, avaient perdu leur emploi et leur famille a explosé. L’un des accusés s’est même suicidé en prison. Outreau va devenir le symbole du « fiasco judiciaire ». L’Etat fera ses excuses aux accusés innocents et une commission d’enquête parlementaire tentera de faire la lumière sur les dysfonctionnements qui ont entaché la procédure d’instruction.

La mécanique de l’erreur judiciaire.

Pour comprendre la mécanique de l’erreur judiciaire, on peut reprendre étape par étape chacun des moments clés de l’affaire : L’enquête, l’instruction, l’expertise, la médiatisation, le procès. A chaque étape se révèlent certaines failles. continuer la lecture


Comment devenir un tueur ?

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Le 26 février 2015 par Jean-François Dortier

Vu hier American Snipper dans un petit cinéma à Marseille, au rond point du Prado. Clint Eastwood a réussi un grand film en montrant comment un homme peut tuer en toute bonne conscience plus de 220 personnes. Chris Kykle, le soldat tireur d’élite, dont le film raconte l’histoire, tuait sans remord : il avait la certitude de servir une cause juste. Son père lui avait appris, encore enfant, qu’il y a trois types de personnes dans le monde : « les loups, les brebis et les chiens de berger ». Les loups ce sont les prédateurs: ils s’attaquent à la masse des braves gens (les brebis). Mais heureusement les « chiens de berger » sont là pour défendre les brebis. Chris Kyle a retenu la leçon. Il se sent de la race des chiens de berger : il protége les siens.

Protéger l’Amérique contre ses agresseurs. Après les attentats de 11 septembre, Georges Bush a fait croire à l’Amérique que l’Irak détenait des armes de destruction massive mettant l’Amérique en danger. Cette idée fumeuse a sans doute joué dans l’engagement de Chris Kyle dans les forces spéciales de l’armée (SEAL). Mais une fois au combat, dans les rues de Bagdad, ce ne sont plus des idées qui poussent à tuer. Perché sur un toit d’immeuble, le snipper tire à vue sur l’ennemi, pour se protéger et protéger ses compagnons d’armes.

Le film ne montre rien d’autre. Chris Kyle n’obéit pas à une machine aveugle qui entrainent les hommes dans des tueries, indépendant de leur volonté. Chris Kylene n’a pas fait qu’exécuter des ordres selon la théorie de la banalité du mal. Il est devenu tueur en deux temps.

Tout d’abord, il est engagé volontairement pour une guerre qu’il il croyait juste. En face de lui, les insurgés irakiens étaient également des volontaires, des moudjahidines qui combattent aussi pour leur juste cause : contre l’armée américaine qui occupent leur pays.

Puis, dans un second temps, le tireur d’élite se retrouve au combat. A ce stade, il n’est plus question de savoir si la guerre est juste ou injuste, si le jeu en vaut la chandelle: il faut tuer pour se défendre et pour défendre les siens.

Dans la grande tradition des films de guerre nationalistes américains, on ne nous montre jamais le point de vue de l’ennemi. Les irakiens (comme hier, les russes, les japonais), sont des personnages sans vie, sans histoire, sans consistance, sans personnalité propres. Ce sont des dangers, des cibles. Leur vie et donc leur morts ne comptent pas. Ils sont armés et ils vous menacent. Inutile d’invoquer un imaginaire de «  déshumanisation » pour justifier qu’il faille tuer ces gens. Ce ne sont d’ailleurs pas des gens: le  tueur ne voit pas des êtres humains: il voit un ennemi qui tient une arme en main et s’apprête à tirer. Chris Kyle ne semble éprouver de malaise que qand un enfant ou une femme est en ligne de mire. Quand il s’aperçoit que cet enfant tient une grenade en mains et cours vers des soldats américains, il n’hésite plus : il tire.

A la question de savoir « comment on peut devenir tueur ? » American snipper apporte une réponse simple : S’engager volontairement un combat pour défendre les siens, porter l’uniforme du héros, être armé puis sur le terrain, avoir en ligne de mire des hommes, parfois une femme ou enfant, qui vous menace et appuyer sur la gâchette.


Théorie du bricolage (3) : le secret du système D

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Le 5 janvier 2015 par Jean-François Dortier

Mon père était un bricoleur. Un vrai. Je me souviens l’avoir vu fabriquer un garage en bois pour mon frère et moi, dans le petit atelier qu’il s’était fait au fond de la cour, quand nous vivions, rue des Cordeliers. J’avais environ sept ans, mon frère huit ans.

Plus tard, quand nous sommes allés habiter aux HLM avec toute la tribu, (mes cinq soeurs et mon frère), papa a construit un buffet pour la cuisine (en contreplaqué). Il avait installé son atelier dans la petite cave, au sous-sol du HLM. Plus tard encore quand il s’est mis à la métallurgie, il a inventé et fabriquer un « presse courge » en métal pour maman !

Je l’ai vu tant de fois bricoler: rénover et repeindre un petit meuble de salon (qui est aujourd’hui dans mon bureau), réparé des lampes de chevet, démonter une machine à laver, continuer la lecture