Comment tenir ses résolutions (plus de trois jours)
1Le 3 janvier 2011 par Jean-François Dortier
Le début d’année est le temps des résolutions… Souvent oubliées ou bafouées quelques jours plus tard. Enquête sur les faiblesses de la volonté et l’art d’y remédier.
Depuis trois ans, je mène chaque fin et début d’année une petite enquête dans l’entourage afin de savoir qui prend des résolutions et à propos de quoi. Avant hier, j‘ai commencé hier à interroger autour de moi. Marie n’a rien voulu me dire (« secret défense : c’est personnel !»). Mc a décidé d’arrêter de regarder la télévision les soirs de semaine. (Ce sera uniquement le week-end et… quand je la supplierai qu’on se blottisse ensemble sur le canapé devant le maudit écran). Elisabeth s’est engagée à voir plus souvent Mc. Marina s’est promise d’être moins exigeante avec les autres et plus attentive à eux. Margot a décidé de » perdre 3 kilos ».
La perte de poids un des grands classiques des résolutions de début d’année. Il y a deux ans Pascal D., Michel C. et moi-même – trois quinquagénaires en surpoids – avions décidé tous les trois de perdre 10 kilos (chacun bien sûr !). Je suis le seul à y être arrivé. Mieux ; j’ai perdu 15 kg et gagné trois crans de ceinture. Ma recette ? Mon régime miracle ? Pas de régime. Je me suis fixé deux résolutions. Ne pas manger entre les repas, et me servir une fois de chaque plat, c’est tout. Ajouter à cela un peu de sport. Et surtout, la continuité dans l’effort (qui, au bout de trois semaines n’en n’était plus un). Depuis j’ai repris quelques kilos. Le matin, je serre au maximum ma ceinture pour ne pas relâcher un cran, mais je sens tout de même que ça coince. Un de mes défis pour cette année sera de reperdre un peu, le tout dans une stratégie plus globale de reprise en main corporelle. Je vais y revenir car je soutiens que perdre du poids est un objectif éminemment philosophique. En attendant revenons à notre question : comment faire pour tenir ses résolutions?
Pourquoi les résolutions ne tiennent pas longtemps
La plupart des résolutions de début d’année ne franchissent pas le cap de la semaine ou du mois de janvier pour une raison bien connue en psychologie économique. Nos engagements (faire du sport, régime alimentaire, ne plus regarder plus la télé, se mettre à l’écriture d’un roman policier qui sera un best seller,etc.) sont supposés nous apporter de grands bénéfices à long terme. Mais, à court terme, ils sont coûteux car ils supposent des privations et efforts immédiats.
Inversement : céder à ses impulsions présentes (reprendre une part de gâteau, regarder cette stupide mais envoutante série télé, différer la séance d’entrainement car il fait froid dehors et je suis fatigué et tant pis je mettrais les bouchées double demain, etc.) est plaisant à court terme. Le prix à payer, lui ne l’est que sur long terme.
D’un côté, le plaisir immédiat et des coûts relégués à plus tard. De l’autre : un coût immédiat et des récompenses supposée à long terme. La balance est inégale et le conflit vite réglé. Le conflit intérieur oppose en fait deux parties de nous: le centre du plaisir (le cerveau limbique) qui exige des récompenses immédiates et le centre réflexif (le lobe frontal) qui planifie des actions sur long terme.
Mais heureusement, à force de s’abuser soi même par des promesses non tenues et des résolutions sans lendemain, on parvient à trouver quelques trucs pour bien se discipliner. On apprend à dompter la bête ou du moins à ruser avec elle.
En voici quelques unes de ces recettes, issue d’une longue suite de tentatives avortées, mais qui à terme, finissent pas porter leur frits
• Traduire les projets vagues en programme précis. Tout d’abord une bonne résolution n’est pas un simple « vœux ». Elle doit se traduire par un objectif concret et un programme d’action. « Je vais faire du sport » ou « je vais être ordonné », « je vais perdre du poids », « je vais écrire un best seller » ne sont pas des résolutions, mais des vœux. Il est indispensable de traduire ses vœux en objectifs et programmes concrets. Lorsque Pascal, Michel et moi nous avions décidé de perdre 10 kilos dans l’année, Michel qui est un scientifique, nous avait prévenu. « Attention, 10 kilos cela veux dire presque qu’un kilo par mois, en moyenne ». C’est peu et beaucoup à la fois. Cela fait 250 gramme pas semaines toutes les semaines. Comment tu peux arriver à cela : un régime, une restriction continue ? Du sport… » Très bonne question. Et cela exige de définir aussitôt un programme précis et concret.
• Découper la montagne en morceaux. Ensuite, il faut que l’objectif soit à notre portée. Or le propre des résolutions est souvent d’être irréaliste. Marina, qui est une grande gourmande avait décidé de ne plus manger de gâteaux durant toute l’année (sauf quand elle était invité à l’extérieur). Voilà le genre de défi surhumain, presqu’impossible à réaliser quand on est accros aux dessert ‘ou au chocolat ou aux achats compulsifs). Tous les experts en changement personnel vous le diront. Il vaut mieux commencer par des petits défis concret et immédiat plutôt que se fixer des objectifs trop élevés qui nous mène tout droit à l’échec. J’appelle cela « découper la montagne en morceaux ». Je ne sais plus où j’ai lu cela. Cela signifie qu’on peut déplacer les montagne : à condition de ne déplaçant chaque jour qu’une pierre à la fois. Mais avec opiniâtreté, sans lâcher prise.
Par exemple, cette année, je me suis engagé à ne plus laisser trainer un longue liste de mail en retard. Je vais donc écluser mes mails en retard. Mais je vais le faire doucement : 3 à 4 mails par jour (en plus des mails courants que je ne laisse pas traîner). J’ai appris à faire cela aussi pour l’écriture.
• Changer de cadre : aménager les lieux et les temps et le ritualiser. S’imposer un changement durable suppose de changer ses habitudes. Pour cela, il est impératif de changer son cadre de vie. Sans nous en rendre compte, nous sommes prisonniers des lieux et des temps qui structurent nos activités quotidiennes. Je souhaite me faire du sport ? Il faut impérativement que j’aménage un horaire précis dans la semaine et que je sanctuarise cette activité. Il y a trente ans, j’ai commencé à écrire vraiment, le jour où je me suis aménagé un espace et un horaire systématiquement consacré à l’écriture : loin de mes autres tentations (la télévision, les instruments de musique, etc. ).
• S’enchaîner au mât: la stratégie d’Ulysse. Pour changer durablement, on ne doit pas compter sur sa seule volonté. La volonté est faible; Inversement les routines, les tentations, les obligations, les auto-justification, les auto-illusions et les influences extérieures sont beaucoup plus fortes. Il faut donc se créer un cadre de contrainte et de simulant, qui, le moment venu, viendront palier à ses faiblesses. C’est la stratégie d’Ulysse, qui connaissant ses propres faiblesses, se fait attacher au mât du bateau pour résister au chant des sirènes. Si on veut s’adonner à une activité durablement, il importe d’organiser un système de contrainte et de récompenses qui vont nous arrimer à notre projet. Si je veux faire du sport durablement, rien de mieux que de trouver un compagnon d’entraînement et de se fixer un planning commun. L’engagement vis-à-vis de soi même (toujours fragile) devient un engagement vis-à-vis d’autrui, donc plus impératif. Le jour où je n’ai pas envi de sortir, je sais qu’il va venir me chercher. Et l’inverse est vrai. On s’épaulent mutuellement. Il faut donc trouver des contraintes qui, le moment venu, viendront se substituer à la volonté défaillante (comme ces enfants qui réclament d’aller en pensionnat connaissant leur propre faiblesse). L’engagement social (annoncer publiquement que l’on va arrêter de fumer, s’associer avec un partenaire pour faire du sport, s’inscrire à un club) est une contrainte librement consentie les plus efficace.
• La stratégie de la récompense. Il faut être ami avec soi-même. Les résolutions exigeant des sacrifices, et des frustrations, il faut rééquilibrer le tout en s’accordant des récompenses. Personnellement, je suis partisan de s’accorder des petites gratifications quand j’ai réussis a franchir une petite étape. Par exemple si me suis abstenu d’acheter un nouveau livre de toute la semaine (je souffre d’addiction à l’achat ou au vol de livres), je m’accorde une petite récompense le samedi.
Il y a bien d’autres trucs et recettes pour parvenir à réaliser des vœux de début d’année. Tout en sachant que les affaires humaines, il n’y a pas de recettes miracles, qu’il faut beaucoup d’échecs pour quelques réussites. Mais il y a aussi des miracles inattendus. L’an passée, Marina s’était donnée deux objectifs irréalistes allant complètement à l’encontre des leçons de sagesse évoquées ci-dessus. La gourmande a pourtant réussie à ne pas acheter un seul gâteau de l’année. Elle s’était interdite également de s’acheter de nouvelles robes ou chaussures (elle qui raffole de faire les magasins de vêtement !). Et elle a tenu son pari fou.
« Tu n’as même pas acheter de petite culotte ?
– Non, même pas ! Je sais que c’était pas possible, alors c’est pour ça que je l’ai fait.
Et voici maintenant la liste de mes résolutions pour cette nouvelle année.
1. Perdre du poids. Disons encore 5 kilos. Dans une stratégie plus globale de reconquête physique.
2. Ecrire sans faute : chasser impitoyablement les fautes de grammaire et d’orthographe qui truffent mes articles.
3. Lutter contre ma texicomanie (ici ce n’est pas une faute : j’ai bien écrit « texicomane »). La lecture et l’écriture me sont devenues trop addictives. Elles m’isolent, me dispersent, me perturbent. Elles me font aussi commettre des fautes morales vis-à-vis des autres et des erreurs stratégiques dans la conduite de ma vie.
4. 2011 : année QQ (quatrième question). Je vais avancer dans mon projet sans (trop) me disperser.
5. Ne plus laisser une liste de mails en souffrance.
6. Partir en vacances, voir ma famille et mes amis plus souvent.
7. Arrêter d’agacer MC avec des questions stupides (« Et si je m’appelais Gigi la baleine blanche, tu m’aimerais quand même ? », « Qu’est ce que tu préférerais : être vivante et malheureuse ou morte mais heureuse? ».
8. Tenir mes résolutions.
Et vous, vous avez pris des engagements pour cette nouvelle année ? N’hésitez pas à les communiquer : s’engager auprès des autres, est une façon de se dompter soi-même.
Catégorie Art de vivre & anti-sagesse, Psychologie
Bonjour,
Merci pour cet excellent article. Il est très complet. 🙂
Je suis coach et blogueur en motivation. Je rajouterai juste 3 choses.
Parler un maximum de votre bonne résolution autour de vous. Pas pour être soutenu, mais parce que le cerveau va créer une ancre et plus vous parlerez de votre résolution, plus votre cerveau la prendra pour acquise. C’est un peu comme les slogans publicitaires. A force de les entendre, ils nous paraissent crédibles et possibles.
Rechercher d’autres personnes qui ont déjà eu la même résolution que vous et qui l’ont tenue. Si quelqu’un a réussi, vous le pouvez aussi ! C’est motivant, non ? De plus, vous pouvez appliquer la même méthode que cette personne puisque cette méthode fonctionne belle et bien.
Enfin, visualiser ! L’astuce consiste à visualiser toutes les facettes positives de votre bonne résolution. Vous devez faire une liste des effets bénéfiques et les visualiser un par un. Lorsque je parle de visualisation, je veux dire que vous devez imaginer dans les moindres détails la situation et ressentir au fond de vous un sentiment de joie, de gratitude, de bonheur,… Par exemple, ressentez l’aisance publique que vous aurez lorsque vous aurez perdu vos kilos en trop. Ressentez la fierté et la joie d’avoir arrêter de fumer,…
Je pourrais encore développer quelques techniques mais le commentaire serait vraiment trop long.
Voilà, si vous avez aimé ces astuces, découvrez au moins 20 nouvelles techniques et méthodes de motivation adaptables à VOTRE situation tout de suite ! Surfez ici : http://commentchangervotrefacondevoir.blogspot.be/
Alexandre Bardiaux