C’est la reprise
3Le 2 septembre 2012 par Jean-François Dortier
C’est la rentrée. Les cartables sont prêts. L’été est déjà derrière nous. C’est le temps des fournitures scolaires toutes neuves, des emplois du temps vierges, des pincements au coeur et des bonnes résolutions.
Mes résolutions ? Entre autres, réactiver ce blog.
C’est donc aussi la reprise pour QQ (Quatrième Question). Recommençons tout doucement. Avec deux citations. Ce sera tout pour la rentrée.
La première est extraite de Putain d’Olivia de Mark Safranko, Un écrivain américain underground, dont j’ai lu cet été toute l’oeuvre traduite en français : Dieu Bénisse l’Amérique (l’anti rêve américain vu par Max Jazak, un gamin paumé et sans talent dans une famille pauvre et déglinguée) puis Confession d’un loser (le même Max Jazak a grandi, il fait va de petits boulots à petits boulots et couche avec un nombre impressionnant de femme – Confession d’un baiseur serait un titre plus exact). Putain d’Olivia, est une histoire d’amour et de galère entre Max et Olivia : ils sont jeunes, ils vivent d’amour et de pizzas refroidies dans un appartement sordide et rêvent tous les deux de devenir de grands écrivains. Mais vient un moment où les utopies intérieures se heurtent à une dure réalité : il faut sortir du lit (où ils passent beaucoup de temps) pour trouver un moyen de remplir le frigo et de payer le loyer.
Voici la citation.
« A sa sortie de l’hôpital, Benny a emballé ses affaires et déménagé. Ce fut un incident supplémentaire pour m’inciter à me questionner sur ce que je faisais de ma vie, à errer d’un palace pour cafard à un autre, à me bercer de fantasmes puérils tels qu’écrire de grands romans sans jamais m’y essayer vraiment, et parvenant tout juste à joindre les deux bouts avec des boulots de misère quand la plupart des gens de mon âge s’embarquaient dans de véritables carrières, fondaient des familles et tout et tout, dans le plus pur style américain. Le problème c’était que le style Norman Rockwell, il était pourri jusqu’à la moelle, et je le savais. Quand je méditais sur ce qu’un homme devait endurer pour s’en sortir en ce monde, ça me tournait l’estomac. »
L’autre citation est tirée de ces lettres à Lucilius, de Sénèque :
« L’une des nombreuses erreurs des imbéciles : ils n’en finissent pas de commencer à vivre ». Médite le sens de cette parle, Lucilius, toi le meilleur des hommes, et tu comprendras comme elle est répugnante cette inconstance des hommes qui chaque jour établissent leur vie sur de nouvelles bases et se lancent dans de nouvelles espérances, même sur leur lit de mort ».
Bonne reprise pour tout le monde.
Super !
On peut aussi se décider: Vivre, c’est s’amuser ou être utile? Pendant 40 ans je m’suis dit que c’était être utile. Et j’ai pas rigolé tous les jours, ni réussi à savoir si je l’avais été. Puis j’me suis dit que je pourrais commencer à m’amuser. Mais autour de moi çà rigole pas et c’est pas facile de s’amuser tout seul dans son coin.
Dress code, food code, crade code, que serait le fumet littéraire de la loose sans eux ? Petit bonus, un petit mégot qui va puer écrasé dans une canette de bière pour rester sur la route underground.J’aime en fait râter ma vie rêvée dans les règles de l’art, surprojet qualibré et standardisé comme une histoire d’amour de beau docteur et d’infirmière dévouée mais qu’on voit pas et qu’on épouse bêtement la fille du patron de la clinique dans Nous Deux. En plus, pour cuire la soirée de réflexion, Didier qui nous désespère de la pérennité du plaisir de réussir brillament,raison de plus pour finir la pizza en s’essuyant les doigts sur le dessus de lit et d’entamer enfin ce roman sur dress code, food code, class code…