sur le déploiement de soi

3

Le 2 mars 2016 par Jean-François Dortier

«  De même que la simple force a besoin d’un objet sur lequel elle puisse s’exercer, et la simple forme, la pensée pure, d’un matériau dans lequel elle puisse se prolonger en s’y exprimant, l’homme a aussi besoin d’un monde en dehors de soi-même. De là son effort pour élargir le cercle de sa connaissance, et son efficacité, et sans qu’il soit lui même clairement conscient, ce qui lui importe n’est pas à proprement parler ce qu’il acquiert de celle-là, ou de que qu’il peut produire lui même grâce à celle-ci, mais uniquement son amélioration et son ennoblissement intérieur, ou du moins l’apaisement de l’agitation intérieur qui le consume. » (Wilhem von Humboldt, Théorie du déploiement de soi, 1794).

Je ne suis pas sûr de comprendre ce que ça veut dire, mais c’est bien ficelé, non ?

 


3 commentaires »

  1. Jacques Van Rillaer dit :

    – On peut noter que la traduction du titre du livre de von Humboldt induit quelque peu en erreur. Le titre en allemand est “Theorie der Bildung des Menschen”, littéralement : Théorie de la formation/éducation des hommes. von Humbold définit la “Bildung” comme “ce qui apporte à notre être valeur et durée”. Il pense que la formation de soi a besoin, comme on le lit ici, d’un monde en dehors de soi-même pour s’améliorer et vivre en paix avec soi. Le célèbre fondateur de l’université de Berlin était partisan de favoriser, autant que possible, l’apprentissage et l’expérimentation par soi-même chez les étudiants, plutôt que la mémorisation de savoirs figés, énoncés doctement par les Professeurs.

    – “Sans qu’il soit lui-même clairement conscient” : à méditer par ceux qui croient que Freud est le Christophe Colomb des processus inconscients (à ceux-là, qui sont encore nombreux, je conseille de lire “Freud et la psychanalyse”, un remarquable recueil de textes sur la psychanalyse, qui vient de paraître aux Éd. Sciences Humaines et où se lit notamment “une histoire mouvementée de l’inconscient” … de l’ami Dortier)

  2. Jane dit :

    Un « déploiement de soi » qui reposerait donc sur ce que nous pourrions appeler un « égo de survie » dans la « réalisation de soi » : il s’agirait d’exister parmi les autres, plutôt qu’en face / au-dessus / contre les autres, en faisant / produisant grâce à leurs apports, même si nous ne le reconnaissons pas, par orgueil probablement ? Cette affirmation de Wilhem von Humboldt n’est-elle pas tout à la fois un simple constat d’une tendance (emprunter aux autres, s’inspirer à leur contact, se laisser influencer…) et d’une pratique générale ou dominante (copier-coller, plagier, paraphraser, parodier, pasticher, relooker, détourner, innover, inventer…) ET la dynamique de la vie de l’Esprit dans le monde (personne n’a la science infuse, chacun reçoit sa part de lueurs ou de lumière, chacun est capable…) ? La chevalerie celte et chrétienne de notre Bretagne française le disait dans les propos du Maître Merlin : Que cherches-tu ? Si tu ne le sais pas (tu n’en as pas la moindre idée), tu ne le trouveras pas » (tout seul : tu devras voir, écouter et entendre-comprendre quelques autres qui seront tes initiateurs, tes roues de secours, tes garde-fou, tes anges gardiens…).

  3. Benoit Kufika dit :

    Pas du tout un commentaire mais une demande, si vous pouvez me proposer de livres à ce sujet!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *