Faut-il tromper sa femme ? Exercice d’éthique appliqué.
27Le 18 avril 2011 par Jean-François Dortier
Le summum de l’éthique selon Michel Onfray tient dans un formule empruntée à Chamfort (1741-1794), écrivain du 18ème siècle : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà toute morale ». (M. Onfray cite cela dans son Manifeste hédoniste, p. 26).
Tout cela est bel et bien, mais un peu nébuleux. Essayons donc d’appliquer ceci à un cas concret. Un exercice pratique d’hédonisme ou « d’érotisme solaire » (c’est ainsi que Michel Onfray baptise sa philosophie de la vie).
Le dilemme du démon de midi.
Appelons cela le dilemme du démon de midi. Soit un homme de 45 ans, marié et père de famille. Il n’est plus amoureux de sa femme. La passion des débuts s’est éteinte, il la désire moins, mais lui il reste tout de même un forme d’amour plus modeste : l’attachement. Il a deux enfants encore jeunes (disons 8 et 11 ans) qui adorent leur papa et seraient bien malheureux si la famille explosait. Mais voilà. Notre homme rencontre une jeune femme, de 15 ans plus jeune que lui. Ils se séduisent mutuellement. Tombent amoureux. Une liaison fougueuse se noue.
Voilà un scénario banal. Mais que faire ? Notre homme n’a pas encore tranché : faut-il quitter sa femme, briser son foyer pour filer le grand amour (avec tous les emmerdements afférents que cela supposent : coût exorbitant d’un divorce, plus personne pour repasser ses chemises et laver ses chaussettes). Faut-il alors jouer la carte de la fidélité : renoncer à cette belle aventure et rentrer dans le rang (avec les frustrations que cela suppose ?). Faut-il ne rien, dire et prolonger le mensonge le plus longtemps possible ?
Notre homme vient d’acheter le Manifeste hédoniste de Michel Onfray. Le chapitre sur l’éthique l’intéresse particulièrement. Il y est question justement de la jouissance et des dilemme moraux. Il lit et relit la maxime de la énoncé page 26 : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni toi ni à personne, voilà toute morale ». Qu’est ce que cela implique ?
– 1ère solution : Plaquer sa femme, partir vivre son grand amour avec sa jeune compagne (« jouis et fait jouir »). L’amour avant tout doit reprendre ses droits. Mais ce faisant il fait du mal. Sa femme va être humiliée, désespérée, abattue. Il va faire souffrir aussi ses enfants, qui vont être très malheureux. A cet âge, la famille est sacrée. Il viole donc le second précepte « ne faire de mal à personne ».
– 2ème solution. Laisser tomber sa belle amoureuse, au nom de la fidélité. Après tout l’attachement qu’il éprouve pour sa femme est une forme d’amour. Un amour plus modéré certes, moins passionnel mais un amour quand même. (Rien de plus destructeur que la passion passion, disait Denis de Rougemont dans l’amour en Occident). De plus, en renonçant à sa liaison, il fait preuve d’amour à l’égard de ses enfants : une autre forme d’affection encore.
– Il reste un troisième solution : Mentir. A sa femme en lui cachant sa liaison). Mentir aussi à sa maîtresse (en lui laissant croire qu’il ne reste plus rien de désir pour sa femme, mais qu’il ne peut briser le foyer). Il peut donc mener une double vie. Une vie de mensonges mais qui est la meilleure façon de respecter l’éthique hédoniste de Chamfort et Michel Onfray. « Il jouis, (lui-même) ; il « fait jouir » (sa maîtresse). « il ne fait pas de mal à personne » (ni à sa femme, ni a ses enfants).
« Voilà tout la morale » (dixit M. Onfray). En gros, l’éthique des lâches ordinaires promue au rang de rang des grandes avancées philosophiques. CQFD.
Catégorie Art de vivre & anti-sagesse
Excellent !
Si je poursuis la logique d’Onfray, ai-je le droit de faire du mal à un animal pour « jouir » (sadiquement)? Est-ce moral ? Ou bien, si cela m’est (moralement) interdit (ce que je crois personnellement), Onfray est-il prêt alors à admettre que l’animal est une « personne » ?
Le raisonnement se tient… mais l’interprétation est foireuse. Car la prémisse de Michel Onfray, c’est qu’il ne faut pas se marier !
Mentir permet la paix sociale ( dixit J.F.D dans les humains mode d’emploi ), mais là ça devient dangereux tout de même !!
Pour renchérir sur ce qu’a écrit Héloïse, non seulement chez Michel Onfray il conseillé d’éviter le mariage, mais en outre le sage s’abstient aussi de faire des enfants. Système qu’il s’est appliqué à lui même et en cela il est cohérent.
D’autre part il existe une quatrième option (on sort ici du cadre de la conception judéo-chrétienne du mariage). Le mari annonce sa liaison à son épouse sans que cela ne suscite de drame ni d’explosion du couple (et réciproquement).
Merci Heloïse. L et Axel pour votre discernement, en lieu et place de la mauvaise foi ou de l’idiotie… Celle des réactions comme celle du billet publié…
Je tiens quand même à souligner, concernant la 3ème solution proposée, que vivre dans le mensonge, c’est souffrir, c’est se faire du mal. Qu’on le veuille ou non.
« (…)sans faire de mal NI A TOI ni à personne(…) » explicite bien Michel Onfray.
Concernant la 2ème solution proposée concernant ce cas concret, « choisir c’est renoncer ». La morale, n’est ce pas choisir, n’est ce pas renoncer … ?
Personnellement, la définition que fait Michel Onfray de la morale ne me parait absolument pas stupide.
Pour autant, je pense que « le cadre » de la morale ne se situe pas uniquement dans le : « sans faire de mal ».
Car à suivre cette morale là, on peut facilement tomber dans un système anarchique car nos seuils de souffrance ne sont pas les même.
Pour moi, sa définition de la morale parait simple.
A priori, dans cet exemple concret, cet homme se doit tout simplement de dialoguer/échanger/solutionner les problèmes avec sa femme pour éviter de tomber dans l’extrême d’une liaison amoureuse.
Voilà, moi, ou je situe la morale.
pourquoi pas une cinquième option?!:)) une partouze à quatre!;))
la solution est une partouze à quatre!;))))
Vos commentaires sont profondément idiots, apprenez à lire et réfléchissez. Je couche avec pleins de mecs, mon mec en fait autant et nous nous aimons. Jouir et faire jouir, c’est ça, sans mensonge, sans peine, avec du dialogue et des rires. C’était la quatrième solution 😉
mentir oui. Mais comment? et pourquoi? est-ce que la femme
est faite pour la mentir?
Moi, ce qui me choque, c’est que l’épouse soit censée jouer les boniches.
QUAND ON AIME VRAIMENT ON N’a pas besoin de tromper l’autre,
la question est : comment fais-t-on comment sais-t’on si on aime vraiment ! la plus-part des gens croient à l’idée de l’amour mais pas à l’amour, donc il est évident qu’il le trouve à chaque coin de rue le faux amour !parle-t’on d’amour où d’envie compulsive comme pour un gâteau par exemple ….
l’amour c’est une chose jouir en est une autre il y a des milliers d’hommes et de femmes qui peuvent le faire sans aimer.
Je suis d’accord avec Marc et d’autres opinions qui contestent cet article. Cette critique n’a ni queue ni tête. Elle aurait lieu d’être si elle était dans son contexte, or ici ce n’est pas le cas.
Vous vous attaquez au contenu, mais en oubliez le contexte. M. Onfray fait partie d’une mouvance hédoniste athée, et non hédoniste chrétienne (qui prône le modèle judéo-chrétien de la famille et du couple à deux, alors que le modèle hédoniste athée est tout l’inverse). Dès lors on ne peut l’appliquer à un exemple avec une femme et des enfants (comme beaucoup l’ont souligné). Il prône un hédonisme athée, dont l’amour libre est roi (y compris la tolérance pour le mariage pour tous).
Si vous lisez un peu plus loin M. Onfray et essayez de comprendre la mouvance hédoniste, vous remarquerez qu’il est nécessaire que les règles soient claires pour tous les partenaires. Le cas échéant, il n’y a pas de relation. (Autant en amour, que dans d’autres domaines relationnels. En sexualité, même dans les clubs libertins il y a des règles, on ne fait pas ce qu’on veut avec qui on veut sans leur consentement)
Je parle en connaissance de cause, il est préférable que des personnes se séparent à la recherche d’une relation meilleure, si celle ci fait souffrir tous les protagonistes, y compris les enfants, et ce cas de figure vous ne l’avez pas cité. Est-ce lâche de partir et laisser partir pour être heureux, que nos enfants soient heureux, l’amour s’étant éteint, remplacé par la haine, allant jusqu’à des scènes de violence?
C’est un passage difficile mais une fois accompli, chaque partenaire pourra retrouver sa sérénité. C’est donc un « mal » (quoique relatif) nécessaire mais au final pour un plus grand bien.
Et la citation s’accomplit « jouis (bonheur retrouvé) et fais jouir (liberté donnée) sans faire de mal à toi ni à personne (la haine s’étant estompée) » voilà toute la morale.
La photo et le titre « faut-il TROMPER sa femme » plantent le décors : pourquoi sa femme et pas son mari, pourquoi un couple hétéro et non pas homo bref un vaudeville bien gras. Ensuite la phrase « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne » ne parle en aucun cas de couples unis par les liens sacré ou pas du mariage ou ceux plus mentaux du concubinage. Le verbe TROMPER est un verbe fort et il n’est pas dans cette phrase. Cela sent le procès d’intention et cela, ce n’est PAS JOLI, joli. Mais de la part ce quelqu’un qui dirige le magazine « Le cercle psy », ce n’est pas très étonnant. Freudien, peut-être ?
Mais que c’est bête !!!! On ne peut pas sortir une phrase comme celle ci, et la disséquer mot a mot, ça n’a aucun sens enfin. L’hédonisme est une philosophie, ça n’est pas un trombinoscope que l’on prend pour analyser une situation !!! S’il été hédoniste, notre ami aurait depuis bien longtemps discuté avec sa femme, d’ailleurs ce cas ne se présenterait même pas, pas sous cette forme tout du moins ! L’hédonisme est justement l’inverse de tout cela; la routine, le mensonge, l’envie inassumé, la tromperie. C’est au contraire le partage, la découverte, des plaisirs certes mais justement dans la complicité et le respect de l’autre … reprenez la lecture dudit manifeste mes amis, visiblement vous êtes passé à coté … de tout en fait 🙂
Arf !! tant de cynisme m’en fait tomber le string !!!
C’est un raccourci forcé ! D’autres exemples peuvent illustrer son affirmation « jouir, faire jouir » sans que cela vous amène à la conclusion que ce philosophe vous invite au libertinage.
Et après tout, les gens sont responsables de leurs actes !
je crois que la fidélité cache une infidélité, et c’est de celle-ci dont il faut avoir peur.L’amour n’existe pas, si on ne lui donne pas ses couleurs.
et dans la troisième solution?
je fais du mal à ma maitresse…. qui est dans une certaine attente. ou alors est ce une maitresse qui va se contenter d’une moitié d’homme?
Le mot jouir a plusieurs sens dans la phrase de Michel onfray il a raison il faut jouir et faire jouir, jouir de la vie, jouir de la nature, jouir de la musique de la peinture etc et faire jouir en faisant partager ce plaisir car ensemble tout semble plus beau
Le mot jouir a plusieurs sens dans la phrase de Michel onfray il a raison il faut jouir et faire jouir, jouir de la vie, jouir de la nature, jouir de la musique de la peinture etc et faire jouir en faisant partager ce plaisir car ensemble tout semble plus beau
Oui il faut se mettre d’accord des le départ quand on a un compagnon ou une compagne de lui dire quand on connait quelqu’un ainsi ils peuvent jouir a 3 au-lieu de 2 ou avec un couple échangiste ainsi ils ne se trompent pas en ayant plusieurs partenaires et sont libres d’en changer
Si on se met d’accord dès le départ pour dire à son partenaire quand on veut aller avec quelqu’un d’autre tout en restant ensemble sans se quitter ainsi on peut jouir à 3 ou avec un couple échangiste sans se tromper
0n peut surtout tirer à peu près n’importe quelle conclusion de cette maxime floue et qui énonce parfaitement les lieux communs de l’époque qu’0nfray prétend critiquer. Il est navrant, et cet article a le mérite de montrer ce que vaut sa morale lorsqu’on l’applique à un cas concret – donc forcément stéréotypé.
Reste la possibilité, en effet, de lire 0nfray en renonçant à son utilité pratique : la morale ne vaudra que dans une société hédoniste. La belle affaire : nous y vivons déjà, et c’est en effet la société des lâches ordinaires !
0nfray mieux d’arrêter de réfléchir en faisant abstraction, non seulement de la précision et de la rigueur, notamment dans la lecture, mais encore de toute réalité concrète, pour se situer dans un paradis hédoniste qui n’est que la caricature positive de la société capitaliste. Ah oui, mais sa femme n’avait qu’à être hédoniste aussi, vous comprenez c’est sa faute : quelle conne, avoir des sentiments ! 0nfray est en plein dans le déni hypermoderne de l’autre concret.