La connerie est-elle le moteur de l’histoire ?
0Le 18 février 2022 par Jean-François Dortier
Au Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) de Marseille, j’ai traité il y quelques temps de cette grave question.
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Et après ? Que restera-t-il de nous ?
12Le 17 janvier 2022 par Jean-François Dortier
Que restera-t-il de moi ?
Mes héritiers devront d’abord se partager « l’héritage » : la maison, les meubles, l’argent sur les comptes. Cela se fera, comme il se doit, devant un notaire.
Il faudra aussi distribuer ces objets qui m’entourent et me sont chers : que va devenir ma bibliothèque ? Mes livres, trop nombreux, seront forcément dispersés. Mes objets fétiches ? Et les bibelots qui ornent mon bureau, ma collection de billes, mes statuettes d’animaux ?
Tout cela finira sans doute dans des cartons, entreposés à la cave ou au grenier : ce purgatoire des objets qui, dans les générations suivantes, finiront à la décharge publique ou, au mieux, sur les étals d’un vide-grenier (ce qui n’est pas si mal).
Mes traces ? Les livres que j’ai écrit, les centaines d’articles publiés dans Sciences Humaines, la collection de L’Humanologue. Je ne nourris pas le mythe de l’œuvre immortelle (Dieu m’en garde !) et je n’ai pas la vanité de féconder l’humanité future de mes idées de génie. Mes écrits seront donc progressivement engloutis sous l’avalanche des livres, articles, mémoires qui s’accumulent dans des bibliothèques numérisées. Elles forment un immense océan de plus en plus étendu et profond. Chaque œuvre (sauf rare exception) y est peu à peu engloutie et rejoint des abysses de plus en plus sombres. Quant à mes carnets de notes et disques durs, ils deviendront vite illisibles : j’ai moi-même du mal à relire mon écriture. Les disquettes informatiques sur lesquelles j’ enregistrais mes premiers textes se sont toutes volatilisées.
Les souvenirs ? Mes parents et grand parents, morts il y a plus de trente ans, continuent de me hanter sous la forme de flashs de pensées. Chacun d’entre nous reçoit régulièrement la visite inopinée d’un père, ou d’une grand-mère, disparus. À mon tour, je vais donc me rappeler au bon souvenir de mes enfants et petits-enfants comme un fantôme furtif. Puis, les générations passant, mon souvenir s’effacera à jamais.
Il ne restera alors que des photos dans des albums et un nom sur des registres d’État civil.
Chacun transmet aussi ses gènes aux générations successives et avec eux quelques ressemblances : un visage, une personnalité. Mélanger à d’autres, ils font partie d’une chaîne de transmission dont on n’a pas toujours conscience.
Le coffret des souvenirs.
Finalement on ne maîtrise pas grand-chose dans cette transmission. Certains écrivent leur testament pour contrôler leur succession. D’autres écrivent leurs mémoires en espérant laisser des traces plus durables de sa vie. Mais écrire ses mémoires est une entreprise difficile réservée à une petite élite.
Je me dis que chacun devrait pouvoir se confectionner un « coffret de souvenirs », une forme de testament différent que celui adressé au notaire. Il contiendrait quelques photos (ou vidéos). Quelque dates clés qui ont jalonné notre vie, (une sorte de CV post–mortem), quelques souvenirs marquants, quelques lieux fréquentés, le nom et le visage des êtres aimés. Juste quelques traces. Elles permettraient à ceux qui viendront après de savoir qui furent ceux qui les ont précédés.
N’ayant pas de grandes leçons de vie à transmettre, je me contenterais donc de ce petit coffret à souvenirs.
Et vous ? Que laisserez vous derrière vous ?
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A quoi pensez-vous en ce moment ?
5Le 7 janvier 2022 par Jean-François Dortier
• L’Humanologue n°5 vient de paraître ! Le dossier central est consacré au « pensées intérieures ». Elles sont toujours là. En vous. Elles défilent en continu, sans répit. Bien que secrètes et invisibles, nos pensées intimes forment un film intérieur dont la trame est tissée de fantasmes, de rêveries vagabondes, de réflexions intenses, d’idées noires, de souvenirs émus… et même de listes de courses.
• L’humanologue est parti à la découverte des pensées intérieures (et dévoile ici quelques-unes des siennes). Des études sur le sujet, il en ressort une idée clé : nos pensées ne servent pas à nous distraire du monde, ni même à le penser. Elles sont la partie immergée de la vie mentale : celle qui tente de piloter notre existence.
• Au sommaire de ce numéro, il est aussi question de religion (celle des hindous), d’histoire (celle des empires), d’ultra-violence (celle des suricates), de peintures préhistoriques, d’extraterrestres, d’électriciens, de banquets bien arrosés et même du rôle de la connerie dans l’histoire.
En bref de la condition humaine.
L’humanologue est disponible en kiosque, en librairie. vous pouvez en feuilleter un extrait, le commander ou vous abonner directement sur le site de sciences humaines: ici .
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Dieu fait de moins en moins recette
4Le 22 décembre 2021 par Jean-François Dortier
Les français qui ne croient pas en Dieu sont désormais majoritaires (51%) : voilà ce que nous apprend un sondage récente de l’IFOP paru le 24 septembre. En 2011, les croyants étaient encore majoritaires (56 %) en France. En 1947 les croyants représentaient les deux tiers de la population (66 %).
Aux Etats-Unis un tiers de la population (29%) se déclarent désormais « athée, agnostique ou sans religion ». Le nombre de sans religion a doublé depuis 2007 (ils étaient alors 16%)
La sécularisation serait-elle de nouveau en marche ? Il y a un siècle, les jeux semblaient faits. En Europe, les Eglises avaient commencé à se vider, l’athéisme et l’anticléricalisme avaient le vent en poupe. Nietzche avait prononcé la « mort de Dieu » ; Max Weber parlait de « désenchantement du monde » pour évoquer une « sécularisation » qui semblait irréversible.
Le diagnostic avait sembler se confirmer au fil des décennies suivantes.
Puis, à la fin du 20ème siècle, il y eu un étonnant retour de flamme. Le sociologue Gilles Kepel, avait parlé de « La revanche de Dieu » (1991), pour décrire la résurgence du fondamentalisme islamisme ou de l’évangélisme conservateur américain. Peter L Berger spécialiste des religions, avait admis s’être trompé. Lui qui avait passé sa carrière à analyser le mouvement de sécularisation, il reconnaissait « Notre monde d’aujourd’hui est aussi furieusement religieux qu’il l’a toujours été », (le Réenchantement du monde)
Les données récentes sur le déclin des croyances en France et aux Etats-Unis rebrasse-t-il de nouveau les cartes ?
Pas forcément, les deux thèses – celle de la sécularisation et du retour du religieux – sont tout à fait comptables. Il se peut très bien que le renouveaux religieux (islamistes ou évangéliques) ne soit qu’un épisode éphémère et/ou localisé, dans un monde qui, globalement, perd de plus en plus la foi.
Reste à comprendre « Pourquoi Dieu (existe) encore » ? ». Qu’est ce qui fait que l’on croit ou l’on ne croit pas dans le monde d’aujourd’hui.
Une réponse dans l’Humanologue n°2.
Au sommaire :
• Je ne suis pas croyant, mais…
• A-t-on besoin de croire ?
• Une société peut-elle se passer de religion ?
• Les dieux sont de retour
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